Algérie Foot: Dans un contexte de frustration croissante après l’échec de la CAN 2023, la Fédération algérienne de football (FAF) a fait sensation en tentant de recruter Zinedine Zidane, l’icône mondiale du football, pour diriger l’équipe nationale. Bien que cette démarche ait échoué, elle soulève des questions sur les véritables intentions de la FAF et sur l’état actuel du football algérien. Était-ce une stratégie réaliste ou une tentative populiste pour apaiser les supporters ?
La tentative Zidane : un rêve hors de portée ?
La nouvelle a fait les gros titres : la FAF aurait contacté Zinedine Zidane pour prendre en charge les Fennecs, suite aux résultats décevants de Djamel Belmadi. Selon les médias français et algériens, Zidane a poliment décliné l’offre, invoquant ses engagements personnels et professionnels. L’ancien entraîneur du Real Madrid, connu pour son exigence et son aspiration à diriger l’équipe de France, semble peu intéressé par un projet qui ne répond pas à ses ambitions.
Le journaliste Hafid Derradji a rapporté que Zidane avait exprimé sa volonté d’aider la Fédération autrement, sans pour autant prendre les rênes de l’équipe nationale. Cette proposition laisse entendre un respect pour ses origines algériennes, mais également une conscience des limites actuelles du football algérien.
Une manœuvre populiste ou une stratégie désespérée ?
La FAF, sous la direction de Walid Sadi, a tenté de séduire Zidane avec le soutien financier de sponsors prêts à offrir un contrat conséquent. Pourtant, cette démarche ressemble davantage à une opération de communication qu’à une véritable stratégie.
Face à l’indignation des supporters après l’élimination de la CAN 2023 et les échecs répétés sur la scène internationale, la FAF semble chercher des figures emblématiques pour détourner l’attention des critiques. Zidane, avec son aura internationale, représentait une lueur d’espoir pour revitaliser une équipe en difficulté, mais cette tentative révèle un décalage entre les aspirations de la FAF et la réalité du football algérien.
Djamel Belmadi : bouc émissaire ou victime d’une gestion chaotique ?
Djamel Belmadi, en poste depuis 2018, a connu des hauts et des bas à la tête des Fennecs. Après avoir remporté la CAN 2019, son bilan a été terni par des échecs successifs, notamment l’élimination des qualifications pour la Coupe du monde et la contre-performance à la CAN 2023.
Plutôt que de tirer les leçons de ces revers, la FAF a préféré doubler son salaire sans fixer d’objectifs clairs. Cette décision, critiquée par les analystes, reflète une gestion opaque et un manque de vision à long terme. Belmadi, bien qu’imparfait, a souffert d’un manque de soutien institutionnel et d’une instabilité au sein de la FAF, qui a connu quatre présidents en cinq ans.
Le football algérien : un géant aux pieds d’argile
Les difficultés des Fennecs ne se limitent pas à leur sélectionneur. Elles sont le reflet de problèmes structurels plus profonds dans le football algérien. Malgré le talent brut dont regorge le pays, les réformes nécessaires pour moderniser le championnat local et renforcer les infrastructures sportives n’ont pas été mises en œuvre.
L’instabilité administrative, les scandales de corruption et le manque d’investissements dans les jeunes talents freinent le développement du football national. Les échecs sur le terrain sont souvent attribués à des facteurs externes, comme les conditions climatiques ou l’arbitrage, plutôt qu’à une introspection sérieuse.
Zidane et les défis d’un projet ambitieux
Recruter Zinedine Zidane aurait été un coup de maître pour la FAF, mais cela aurait également impliqué des défis colossaux. Zidane, habitué aux clubs de haut niveau et aux environnements professionnels, aurait eu du mal à s’adapter à la réalité du football algérien.
Le manque d’infrastructures modernes, l’instabilité institutionnelle et l’absence d’un projet clair pour l’avenir auraient compliqué sa mission. Pour attirer un entraîneur de son calibre, la FAF aurait dû démontrer sa capacité à offrir un environnement propice à la performance et à la stabilité, ce qui semble encore loin d’être le cas.
Un signal pour des réformes nécessaires
L’échec de cette tentative pourrait être une opportunité pour la FAF de se recentrer sur des objectifs réalistes. Plutôt que de viser des noms prestigieux, la Fédération devrait se concentrer sur le renforcement du championnat local, la formation des jeunes talents et l’amélioration des infrastructures sportives.
Investir dans la détection et la formation des jeunes joueurs pourrait permettre de créer une équipe compétitive sur le long terme. De plus, la mise en place d’une gouvernance transparente et stable est essentielle pour regagner la confiance des supporters et des partenaires.
Une quête symbolique pour Zidane : entre racines et aspirations
Zinedine Zidane reste une figure emblématique pour les Algériens, non seulement pour ses performances légendaires sur le terrain, mais aussi pour ses origines qui résonnent avec la diaspora algérienne.
Cependant, son refus souligne la différence entre un attachement sentimental et une réelle compatibilité avec le projet sportif proposé. Zidane aspire à des défis correspondant à son statut et à son expérience, et le football algérien, dans son état actuel, ne semble pas pouvoir répondre à ces attentes.
un moment de réflexion pour le football algérien
L’idée de voir Zidane diriger les Fennecs a captivé l’imaginaire collectif, mais elle reste pour l’instant un mirage. Cet épisode souligne les dysfonctionnements au sein de la FAF et l’écart entre les aspirations des supporters et la réalité du football algérien.
Pour surmonter cette crise, il est urgent de repenser la gouvernance, d’investir dans les jeunes talents et de construire un projet sportif solide. Zidane ou non, l’avenir du football algérien dépend avant tout d’une volonté de changement en profondeur. L’échec de cette tentative pourrait, paradoxalement, être le point de départ d’une nouvelle dynamique pour les Fennecs.