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France-Algérie : La France prête à s’autodétruire avec une guerre commerciale absurde ?

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France-Algérie : La France prête à s’autodétruire avec une guerre commerciale absurde ?

La France, déjà embourbée dans une crise diplomatique inédite avec l’Algérie, brandit désormais l’arme économique. Après les tensions provoquées par la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental et l’affaire Doualemn, des voix influentes à Paris évoquent des sanctions commerciales contre Alger, notamment une hausse des droits de douane. Cette démarche, présentée comme une démonstration de force, pourrait bien se retourner contre l’économie française elle-même. Les implications pour la France, pourtant déjà fragilisée économiquement, risquent d’être désastreuses. Analyse d’une posture qui frôle l’absurdité.

Une proposition qui révèle la fébrilité de Paris

La suggestion de sanctions économiques contre l’Algérie, évoquée par des figures comme Gabriel Attal, ancien Premier ministre, et discutée lors d’une réunion à l’Élysée, marque un tournant dans les relations entre les deux pays. Paris envisage d’augmenter les droits de douane sur les produits algériens, une mesure qui viserait principalement les hydrocarbures, principale exportation d’Alger vers la France.

Mais ce pari risqué montre surtout une fébrilité politique. Face à une Algérie de plus en plus affirmée sur la scène internationale et en pleine diversification économique, la France semble incapable de répondre autrement que par des menaces. En cherchant à durcir le ton, Paris expose ses propres failles, à commencer par une dépendance énergétique préoccupante.

Les entreprises françaises : premières victimes d’une guerre commerciale

Les implications économiques d’une telle escalade sont claires : ce sont les entreprises françaises qui risquent de payer le prix fort. La France compte environ 6 000 entreprises travaillant avec l’Algérie, dont 201 filiales implantées sur place. Ces acteurs, qui représentent un volume d’affaires de près de 12 milliards d’euros, seraient directement impactés par une rupture des relations économiques.

En cas de guerre commerciale, les entreprises françaises basées en Algérie pourraient être confrontées à des obstacles majeurs, notamment des restrictions d’importation et des pertes de marchés au profit de concurrents chinois, turcs ou russes. Déjà, des entreprises françaises rapportent des difficultés croissantes pour obtenir des certificats de conformité ou des autorisations d’importation, signe que l’Algérie resserre progressivement l’accès à son marché.

La dépendance énergétique : un talon d’Achille pour Paris

L’idée de sanctions douanières visant les hydrocarbures algériens est particulièrement risquée dans le contexte énergétique actuel. Avec la crise en Ukraine et l’arrêt des livraisons de gaz russe via l’Europe, l’Algérie est devenue un fournisseur stratégique pour de nombreux pays européens, y compris la France.

En 2023, les importations françaises d’hydrocarbures algériens ont représenté une part essentielle des échanges bilatéraux. Une hausse des droits de douane sur ces produits pourrait entraîner une augmentation des coûts pour les consommateurs français, déjà confrontés à une flambée des prix de l’énergie. Cette situation serait politiquement explosive pour un gouvernement français déjà fragilisé sur le plan intérieur.

Les leçons tirées de la crise avec l’Espagne

L’Algérie, de son côté, semble mieux préparée à affronter une guerre commerciale. La crise avec l’Espagne en 2022, qui a vu Alger suspendre brutalement le commerce avec Madrid, a servi de leçon. Les entreprises algériennes ont depuis diversifié leurs sources d’approvisionnement, notamment en renforçant leurs relations avec la Turquie et la Chine.

En cas de sanctions françaises, Alger pourrait facilement rediriger ses importations vers ces nouveaux partenaires, même si cela implique des coûts supplémentaires à court terme. La dépendance de l’Algérie à l’égard des produits français, bien qu’importante dans certains secteurs, est donc en net recul, ce qui réduit l’impact potentiel des sanctions économiques.

Les implications politiques et géopolitiques pour Paris

Sur le plan politique, une guerre commerciale avec l’Algérie risquerait de renforcer le sentiment anti-français dans un pays où Paris est déjà accusé d’arrogance et d’ingérence. Cette posture pourrait également affaiblir l’influence française en Afrique du Nord, une région où d’autres puissances, comme la Chine et la Turquie, gagnent du terrain.

À l’échelle européenne, la France pourrait également se heurter à des résistances. Une hausse des droits de douane nécessiterait l’accord des autres États membres de l’Union européenne, un consensus difficile à obtenir dans un contexte où de nombreux pays cherchent à renforcer leurs relations avec Alger pour des raisons énergétiques et économiques.

Des conséquences dévastatrices pour l’économie française

Les entreprises françaises, notamment les PME, seraient parmi les premières victimes d’une guerre commerciale. Contrairement à leurs homologues algériennes, elles peinent à trouver des marchés de substitution, surtout dans un contexte mondial marqué par une crise économique et une concurrence accrue.

De plus, les secteurs clés comme l’agroalimentaire, l’industrie mécanique et les équipements de transport, qui dépendent fortement des exportations vers l’Algérie, risqueraient de subir des pertes significatives. À long terme, cela pourrait entraîner une diminution des investissements français en Algérie, renforçant encore l’influence de la Chine et de la Turquie dans le pays.

Un jeu perdant-perdant pour les deux pays

Si une guerre commerciale éclatait, il est évident que les deux parties en souffriraient. Pour l’Algérie, la dépendance aux produits français, bien qu’en déclin, reste un défi dans certains secteurs. Une rupture brutale pourrait entraîner des pénuries à court terme et des hausses de coûts pour les entreprises algériennes.

Pour la France, cependant, les pertes seraient encore plus significatives. En plus des impacts directs sur les entreprises, une telle confrontation affaiblirait encore davantage l’image de Paris en Afrique et sur la scène internationale. À une époque où la France lutte pour maintenir son influence face à des puissances émergentes, une guerre commerciale avec l’Algérie ne ferait qu’accélérer son déclin.

La France joue avec le feu

En agitant la menace de sanctions économiques contre l’Algérie, la France prend un risque énorme. Loin d’affaiblir Alger, une telle stratégie pourrait se retourner contre Paris, exacerbant les tensions diplomatiques et infligeant des dégâts considérables à l’économie française.

Pour éviter une confrontation qui ne profiterait à personne, il est crucial que les responsables des deux pays privilégient le dialogue et la coopération. À l’heure actuelle, une guerre commerciale serait une absurdité aux conséquences désastreuses, et ce sont les entreprises françaises et les consommateurs qui en paieraient le prix fort.

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