Depuis des années, les relations entre le Maroc et l’Algérie oscillent entre tension et hostilité ouverte. Mais la construction du barrage de Kaddoussa, qui assèche les réserves hydriques algériennes, marque une escalade provocatrice dans une région où l’eau est une ressource vitale. Cette infrastructure, située en territoire marocain, a réduit à un filet le débit de l’oued Guir, privant le barrage algérien de Djorf Torba d’une ressource essentielle pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation agricole de Béchar et ses environs. Une manœuvre délibérée qui illustre l’approche prédatrice du Maroc en matière de gestion transfrontalière des ressources naturelles.
Une stratégie marocaine de l’assèchement : le sabotage silencieux
Le barrage de Kaddoussa n’est pas qu’un simple projet de régulation des eaux pour le Maroc. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de domination régionale, visant à exploiter au maximum les cours d’eau transfrontaliers, sans considération pour les conséquences écologiques ou humaines sur ses voisins. En privant l’Algérie d’un débit vital, le Maroc a déclenché une crise écologique et humanitaire.
Le lac de barrage de Djorf Torba, autrefois une source de vie pour des milliers de personnes et un refuge pour la faune locale, est aujourd’hui un désert aride. Des milliers de poissons morts, des oiseaux migrateurs déplacés, et des loutres sauvées in extremis témoignent de l’impact dévastateur de cette politique irresponsable. Ce n’est rien d’autre qu’un sabotage déguisé, transformant une crise climatique en arme géopolitique.
Un égoïsme économique déguisé en développement agricole
Le Maroc justifie le barrage de Kaddoussa par la nécessité de développer sa production de dattes. Cependant, cette justification masque une réalité troublante : la majorité des ressources hydriques mobilisées bénéficient à de grandes exploitations agricoles destinées à l’exportation, et non aux petits agriculteurs locaux.
L’objectif affiché de devenir l’un des principaux exportateurs mondiaux de dattes, au détriment des ressources locales et régionales, souligne une politique hydrique purement extractive. Ce modèle économique, qualifié d’« hydrovore » par des experts, n’est pas viable dans un environnement aride où les précipitations annuelles ne couvrent même pas une fraction des besoins en irrigation. C’est une course insatiable au profit, menée aux dépens des populations locales et des pays voisins.
Le silence complice des partenaires internationaux
Dans cette affaire, le rôle des partenaires internationaux du Maroc, comme l’Agence française de développement (AFD), ne peut être ignoré. Bien que l’AFD ait émis des réserves quant à l’impact écologique et social du barrage, ses financements continuent d’appuyer une politique qui aggrave les tensions régionales.
Ce silence complice, qu’il s’agisse des autorités françaises ou des institutions internationales, montre une indifférence flagrante envers les conséquences dévastatrices de ces projets sur l’Algérie. En soutenant indirectement un projet aussi controversé, ces partenaires valident un modèle de développement fondé sur l’exploitation unilatérale et l’exclusion.
L’Algérie en première ligne : une riposte nécessaire
Face à cette agression déguisée, l’Algérie a dû lancer des travaux pharaoniques pour pallier le déficit en eau à Béchar. Avec un coût astronomique de 30 milliards de dinars (213 millions d’euros), ce projet de transfert d’eau depuis le champ de captage de Guetrani représente un effort titanesque pour répondre à une urgence créée par le Maroc. Cependant, ce n’est qu’une solution temporaire face à une crise qui ne cesse de s’aggraver.
En dénonçant le comportement irresponsable du Maroc sur les scènes internationales, comme lors du Forum mondial de l’eau à Bali, l’Algérie met en lumière une vérité que le Maroc tente de dissimuler : ses actions ne relèvent pas du développement, mais d’une agression systématique visant à affaiblir son voisin.
Un double discours marocain sur l’eau
Alors que le Maroc se positionne comme un champion de la gestion durable des ressources hydriques, ses pratiques dans la vallée de Boudnib révèlent un double discours flagrant. Le pays présente le barrage de Kaddoussa comme une solution pour stabiliser l’approvisionnement en eau et développer l’agriculture locale, mais en réalité, les ressources mobilisées servent majoritairement des intérêts commerciaux et exportateurs.
La politique marocaine de construction massive de barrages dans des zones transfrontalières n’est pas seulement une menace pour l’Algérie, mais pour toute la région. En monopolisant les ressources communes, le Maroc met en péril des écosystèmes entiers et compromet la stabilité régionale.
La communauté internationale doit réagir
Le conflit autour du barrage de Kaddoussa est un exemple clair de la manière dont des tensions géopolitiques peuvent être exacerbées par une mauvaise gestion des ressources naturelles. La communauté internationale a la responsabilité de mettre fin à cette crise en imposant des règles strictes pour la gestion des cours d’eau transfrontaliers. Sans cela, le Maroc continuera de transformer des rivières en armes silencieuses contre ses voisins.
Un avenir incertain pour la région
Alors que les besoins en eau augmentent des deux côtés de la frontière, notamment pour les projets industriels en Algérie et les cultures d’exportation au Maroc, la situation risque de dégénérer si aucune coopération régionale n’est mise en place. Mais pour cela, il faudrait que le Maroc abandonne sa politique prédatrice et accepte de traiter l’Algérie comme un partenaire égal, et non comme un rival à écraser.
Pour l’instant, les actions du Maroc reflètent une approche opportuniste et agressive, qui, loin de promouvoir la paix et la prospérité, attise les tensions et compromet l’avenir de la région. L’Algérie, en dénonçant ces pratiques, ne défend pas seulement ses intérêts, mais aussi une vision plus juste et durable de la gestion des ressources partagées.