L’Algérie a répondu fermement aux accusations du gouvernement malien de transition, qualifiant celles-ci de « manœuvres orchestrées par des puissances étrangères ». Dans un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères, Alger a rejeté les allégations de soutien au terrorisme, soulignant qu’elles sont « infondées et relèvent d’une tentative délibérée de perturber son rôle de médiateur dans la région du Sahel ». Cette déclaration marque une escalade dans une crise où le rôle du Maroc et de la France apparaît de plus en plus central.
La riposte algérienne : des accusations « insensées » et un rôle historique défendu
Le ministère algérien des Affaires étrangères a qualifié les propos de Bamako de « graves dérives » et de « provocations intolérables ». Alger rappelle qu’elle a été un acteur clé dans les accords de paix d’Alger en 2015, qui ont permis une stabilisation temporaire dans le nord du Mali. Ces accords, dénoncés unilatéralement par Bamako en 2024, avaient été salués par la communauté internationale comme un modèle de médiation réussie.
Dans son communiqué, l’Algérie accuse le gouvernement malien de servir « les intérêts de puissances étrangères », notamment le Maroc et la France. Alger estime que ces deux pays cherchent à affaiblir son rôle en tant que pivot régional, en utilisant le Mali comme levier pour déstabiliser ses efforts diplomatiques. Le ministre Ahmed Attaf a déclaré lors d’une conférence de presse que l’Algérie « ne se laissera pas intimider par des accusations absurdes et continuera de promouvoir une solution politique inclusive pour le Sahel ».
Le Maroc et la France dans la ligne de mire
Pour Alger, les références à la Kabylie dans le communiqué malien confirment l’implication marocaine dans cette affaire. Depuis 2021, le Maroc a intensifié ses attaques diplomatiques contre l’Algérie, notamment en soutenant le MAK, un mouvement séparatiste classé comme organisation terroriste par Alger.
La France, quant à elle, est accusée de jouer un double jeu. Bien que Paris ait officiellement réduit son rôle militaire au Sahel, Alger soupçonne qu’elle continue d’interférer dans les affaires régionales pour maintenir son influence. L’Algérie dénonce une stratégie conjointe entre Rabat et Paris visant à réduire son rôle de médiateur et à détourner l’attention des échecs sécuritaires dans la région.
Une nouvelle étape dans les relations tendues entre Alger et Bamako
La réponse algérienne met également en lumière les faiblesses de la gestion malienne. Alger souligne que l’abandon des accords d’Alger a conduit à une recrudescence des violences dans le nord du Mali, exposant davantage le pays aux incursions terroristes. Selon les autorités algériennes, le gouvernement de transition malien cherche à masquer ses propres échecs en attribuant ses problèmes internes à des « ingérences étrangères imaginaires ».
Alger rappelle également son soutien continu au peuple malien et réitère son engagement à œuvrer pour la paix et la stabilité dans la région, malgré les provocations actuelles. Cette crise, affirme-t-elle, ne doit pas détourner l’attention des véritables ennemis communs : les groupes terroristes opérant au Sahel.
Une crise régionale amplifiée par les rivalités internationales
La situation entre l’Algérie et le Mali reflète les tensions géopolitiques plus larges au Sahel. La rivalité algéro-marocaine, alimentée par le soutien français à Rabat, exacerbe les divisions dans une région déjà fragilisée. Alors que le Mali se rapproche de la Russie et s’éloigne de ses partenaires traditionnels, la France cherche à maintenir un pied dans la région, souvent en s’alliant avec des acteurs opposés à Alger.
Cette dynamique complique les efforts de stabilisation. Pour Alger, le Sahel ne peut être pacifié sans une approche inclusive qui respecte les intérêts des populations locales et des États concernés. Mais avec des acteurs étrangers jouant un rôle croissant dans les conflits internes, la tâche devient de plus en plus ardue.
Vers une escalade ou un apaisement ?
La riposte algérienne, bien que ferme, reste diplomatique. Cependant, si les provocations maliennes se poursuivent, Alger pourrait envisager des mesures plus radicales, telles que le rappel de son ambassadeur ou la suspension de ses initiatives bilatérales.
Pour l’Algérie, il est essentiel de maintenir son rôle de médiateur tout en répondant aux ingérences extérieures. Une solution durable nécessite une coopération régionale renforcée, mais les divisions actuelles rendent cette perspective difficile à atteindre.
Le futur des relations algéro-maliennes dépendra en grande partie de la capacité des deux pays à dépasser les influences étrangères et à renouer un dialogue sincère. En attendant, le Sahel demeure un terrain d’affrontement où les rivalités internationales amplifient les crises locales, au détriment des populations les plus vulnérables.