Loi de finances 2025 : une refonte qui bouleverse le paysage économique en Algérie

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Loi de Finances 2025 en Algérie : Une Réforme Profonde qui Redéfinit le Paysage Économique

Entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2025, la Loi de finances 2025 marque un tournant dans l’organisation économique en Algérie. Adoptée dans un contexte d’efforts pour moderniser l’économie, elle introduit une série de mesures fiscales et réglementaires qui touchent aussi bien les grandes entreprises que les petites structures. Ce texte, déjà publié au Journal officiel le 29 décembre 2024, cible des secteurs variés, des startups à la pêche, en passant par le tabac, les médicaments ou encore l’immobilier. Mais quelles en sont les implications réelles pour l’économie algérienne ? Analyse.

Interdiction des paiements en espèces : vers une formalisation des transactions

L’une des mesures phares de cette loi est l’interdiction du paiement en espèces pour certaines transactions spécifiques. Les opérations immobilières, l’achat de véhicules et d’engins, les acquisitions de yachts et bateaux de plaisance, ainsi que les paiements de polices d’assurance obligatoires doivent désormais être effectués exclusivement via des moyens électroniques ou bancaires.

Cette disposition vise à réduire l’informalité des transactions, lutter contre le blanchiment d’argent et encourager l’utilisation des circuits financiers formels. Bien que saluée par certains acteurs économiques, cette mesure suscite des inquiétudes quant à sa mise en œuvre dans un pays où l’économie informelle reste prépondérante.

Nouvelles taxes et ajustements fiscaux : un poids supplémentaire sur les entreprises

La Loi de finances 2025 introduit plusieurs ajustements fiscaux, notamment :

  • Doublement de la taxe sur la publicité : désormais fixée à 2 % du chiffre d’affaires, cette augmentation survient dans un contexte difficile pour les médias algériens. La répartition de cette taxe prévoit 50 % pour le budget de l’État, 25 % pour le développement cinématographique et 25 % pour un fonds d’aide à la presse.
  • Augmentation de la taxe de solidarité : portée de 2 % à 3 %, elle s’applique sur les importations de marchandises et vise à renforcer les recettes publiques.
  • Nouvelle fiscalité pour le tabac : les fabricants de tabacs, soumis à des impôts complémentaires sur les bénéfices, voient les taux grimper à 20 % et 31 % selon le type de produit.

Ces hausses fiscales, bien qu’essentielles pour diversifier les recettes publiques, risquent d’alourdir la charge des entreprises, notamment dans des secteurs déjà fragilisés par la crise économique.

Encouragement aux startups et aux secteurs stratégiques : un souffle nouveau ?

La loi introduit des avantages fiscaux pour les startups et les entreprises innovantes. Les sociétés disposant des labels « startup » et « projet innovant » bénéficient désormais d’exemptions sur les droits de mutation immobilière et les droits d’enregistrement.

Le secteur des engrais, désormais classé comme stratégique, bénéficie également d’un soutien accru, tout comme l’industrie pharmaceutique, où les droits d’enregistrement sont réduits pour les produits essentiels fabriqués localement. Ces mesures visent à stimuler l’innovation et à encourager la production nationale dans des secteurs jugés prioritaires.

Réforme de l’Impôt forfaitaire unique (IFU) : un outil controversé

L’IFU, qui concerne les petites entreprises et travailleurs indépendants, subit des modifications importantes. Les nouvelles entreprises devront attendre au moins trois mois avant de pouvoir y prétendre, et 11 nouvelles activités en sont exclues, dont les débits de boissons alcoolisées, les agences de publicité et les entreprises de location de matériel.

Si cette réforme vise à mieux encadrer le secteur informel, elle pourrait compliquer l’accès au régime simplifié pour de nombreux entrepreneurs, freinant ainsi leur formalisation.

Fiscalité immobilière et cessions d’actifs : des ajustements significatifs

Les promoteurs immobiliers voient le fait générateur de la TVA modifié. Désormais, elle sera due lors de l’encaissement, partiel ou total, du prix des biens, et non plus à leur livraison. Cette disposition, bien que technique, pourrait affecter les flux de trésorerie des promoteurs.

Par ailleurs, la loi facilite la régularisation des cessions d’actions et parts sociales détenues par des étrangers avant 2020, en supprimant l’exigence d’une attestation de renonciation de l’État au droit de préemption. Cette mesure pourrait encourager les investissements étrangers, mais reste limitée dans le temps, avec une échéance fixée au 31 décembre 2026.

Impact sur les entreprises : opportunités et défis

Si certaines dispositions de la Loi de finances 2025 offrent des opportunités, notamment pour les startups et les secteurs stratégiques, d’autres risquent d’alourdir le fardeau des entreprises.

Les hausses fiscales et les nouvelles exigences en matière de paiement électronique pourraient entraîner des coûts supplémentaires et complexifier la gestion administrative, en particulier pour les PME. Toutefois, les incitations pour les entreprises innovantes et la simplification de certains processus administratifs témoignent d’une volonté de moderniser le tissu économique.

Une économie en quête de diversification

La Loi de finances 2025 reflète les efforts du gouvernement pour diversifier l’économie algérienne, encore trop dépendante des hydrocarbures. En soutenant des secteurs comme les engrais, la pêche et l’industrie pharmaceutique, et en encourageant l’innovation, le texte cherche à poser les bases d’une croissance plus durable.

Cependant, la réussite de ces réformes dépendra de leur mise en œuvre effective et de l’accompagnement des acteurs économiques, notamment à travers des mécanismes de soutien adaptés.

entre ambition et prudence

La Loi de finances 2025 apporte des changements significatifs pour les entreprises en Algérie, reflétant une volonté de moderniser l’économie et d’encourager les secteurs stratégiques. Cependant, les hausses fiscales et les nouvelles contraintes administratives pourraient freiner certains acteurs économiques.

Alors que l’Algérie cherche à s’adapter aux défis d’un monde en mutation, cette loi constitue une étape importante, mais non sans risques. La clé résidera dans l’équilibre entre ambition réformatrice et pragmatisme, afin de garantir une transition économique réussie.

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