« L’Algérie n’a besoin que de Dieu et de ses enfants » : Tebboune réplique à la France

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« L’Algérie n’a besoin que de Dieu et de ses enfants » : Tebboune fustige les accusations françaises

Une crise diplomatique qui prend de l’ampleur

Les relations entre l’Algérie et la France traversent une nouvelle zone de turbulences, marquée par des déclarations cinglantes du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Le 19 janvier, lors des assises nationales du cinéma à Alger, Tebboune a critiqué ce qu’il qualifie de « faits regrettables » dans les relations entre les deux pays. Bien qu’il n’ait pas explicitement mentionné la France, ses propos visaient clairement les récentes déclarations de responsables français, notamment celles liées à une prétendue aide au développement accordée à l’Algérie.

Cette crise a été exacerbée par l’expulsion controversée d’un influenceur algérien par la France, un incident qui a mis en lumière les tensions latentes entre les deux nations. Pour Tebboune, ces événements traduisent une « ignorance » profonde de la réalité algérienne par certains milieux politiques et médiatiques français.

Une aide au développement ou un levier politique ?

Le cœur de la polémique réside dans l’utilisation de l’aide au développement comme argument politique en France. Des figures de l’extrême droite, comme Éric Zemmour, et de la droite dure, ont récemment proposé de supprimer cette aide, la présentant comme un fardeau pour les finances françaises. Sarah Knafo, conseillère politique, avait même avancé le chiffre de 800 millions d’euros comme montant de cette aide.

Cependant, cette affirmation a été démentie par plusieurs sources, y compris en France. En réalité, l’aide s’élève à environ 600 millions d’euros sur cinq ans, et cet argent ne va pas directement dans les caisses de l’État algérien. Il est destiné à financer des programmes éducatifs, notamment pour les étudiants algériens en France, ainsi que des missions techniques françaises. Selon une source algérienne, cette aide est en réalité « un investissement destiné à préserver la place de la France en Algérie ».

Pour Tebboune, l’idée que l’Algérie dépend de cette aide est non seulement fausse, mais aussi offensante. « L’Algérie n’a besoin que de Dieu et de ses enfants », a-t-il déclaré, en réponse à ces critiques. Cette déclaration met en avant la souveraineté et l’autonomie que l’Algérie revendique dans sa gestion interne et dans ses relations internationales.

Une méconnaissance de l’Algérie dénoncée

Tebboune a également pointé du doigt une méconnaissance profonde de l’Algérie par certaines figures politiques françaises. Il a rappelé que l’Algérie, riche en ressources naturelles et dotée d’un potentiel économique croissant, n’est pas une nation en situation de dépendance. Cette méconnaissance s’inscrit dans une longue tradition de perceptions biaisées, héritées d’une histoire coloniale complexe.

La rhétorique utilisée par certains responsables français, selon Tebboune, reflète une tentative de maintenir une influence en Algérie, plutôt qu’un véritable engagement pour le développement. Cette posture, jugée paternaliste par Alger, ne fait qu’accentuer le fossé entre les deux pays.

Des voix modérées en France appellent au calme

Malgré les tensions, plusieurs personnalités françaises ont pris leurs distances avec les discours incendiaires de l’extrême droite. Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, ainsi que des figures de gauche comme Jean-Luc Mélenchon et Ségolène Royal, ont appelé à une approche plus respectueuse et équilibrée dans les relations avec l’Algérie.

Ces voix modérées rappellent que l’Algérie est un partenaire stratégique pour la France, notamment en matière d’énergie, de sécurité régionale et de gestion des flux migratoires. Pour ces responsables, rompre les liens ou adopter une posture hostile serait contre-productif pour les intérêts français à long terme.

Un contexte géopolitique sensible

La crise actuelle s’inscrit dans un contexte plus large de tensions géopolitiques. L’Algérie, acteur clé en Afrique du Nord et principal fournisseur de gaz naturel pour l’Europe, a renforcé ses partenariats avec d’autres puissances comme la Chine et la Russie. Cette diversification de ses alliances inquiète certains milieux en France, qui y voient une remise en question de l’influence française dans la région.

De son côté, l’Algérie cherche à s’affirmer comme une puissance souveraine, capable de mener une politique étrangère indépendante. Cette stratégie s’accompagne d’une volonté de réduire les ingérences étrangères, tout en renforçant son rôle dans les affaires régionales et internationales.

L’avenir des relations algéro-françaises

La crise actuelle illustre les défis persistants dans les relations entre l’Algérie et la France. Bien que les deux pays soient liés par une histoire et des intérêts communs, leurs relations restent marquées par des incompréhensions mutuelles et des tensions récurrentes. Pour Tebboune, le respect de la souveraineté algérienne est une condition sine qua non pour un dialogue constructif.

Cependant, pour que les relations se normalisent, les deux parties devront dépasser les discours polémiques et s’engager dans une coopération fondée sur des intérêts mutuels et un respect réciproque. La question reste ouverte : la France saura-t-elle adapter sa politique envers l’Algérie à ces nouvelles réalités ?

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