Interdiction autos d’occasion : euro en baisse sur le marché noir

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Interdiction autos d’occasion : euro en baisse sur le marché noir

Les nouvelles restrictions sur l’importation et la vente de voitures d’occasion ont provoqué une secousse sur le marché noir des devises en Algérie. L’euro a chuté face au dinar, avec des disparités régionales marquées. Ces mesures gouvernementales visent à tarir les flux informels, mais elles instillent une incertitude persistante chez les acteurs économiques.

Le marché noir des devises algérien connaît des turbulences inhabituelles depuis l’annonce de mesures fermes par les Douanes et le ministère du Commerce extérieur. Ces décisions, qui ciblent directement les importations informelles de véhicules, ont déséquilibré l’offre et la demande en devises étrangères. L’euro, pilier de ce marché parallèle, a vu sa valeur baisser sensiblement, passant d’un pic record à des niveaux plus bas, avec des variations locales prononcées. Cette évolution illustre les effets immédiats des politiques publiques sur les circuits informels, au moment où l’économie nationale cherche à stabiliser ses changes.

Rappel des mesures gouvernementales

Les autorités ont récemment introduit deux réglementations majeures pour réguler le secteur automobile. D’abord, l’interdiction de commercialiser en showroom des voitures âgées de moins de trois ans, qui vise à protéger le marché local des véhicules neufs. Parallèlement, les concessionnaires informels se voient prohiber l’importation de voitures d’occasion depuis l’étranger, coupant une voie d’entrée significative pour les devises étrangères.

Ces mesures ont été appliquées de manière synchronisée, dès la semaine dernière. Elles s’inscrivent dans une stratégie plus large de contrôle des flux commerciaux parallèles, souvent alimentés par le marché noir. Résultat : une rupture brutale dans les habitudes d’approvisionnement, qui a immédiatement impacté les transactions en euros et autres devises prisées.

Impacts sur les ménages algériens

Pour les citoyens ordinaires, ces changements perturbent les projets d’acquisition automobile. Beaucoup recouraient au marché noir pour obtenir des devises nécessaires à l’importation personnelle de véhicules d’occasion, une pratique courante face aux quotas officiels limités. Désormais, la raréfaction de l’offre en devises renchérit les coûts ou complique les échanges, touchant particulièrement les ménages modestes dans les régions périphériques.

À Béjaïa par exemple, le taux pour 100 euros oscille désormais autour de 28 000 dinars ou moins, contre un pic de 28 800 dinars mercredi dernier à Alger. Cette fragmentation régionale complique les transferts familiaux ou les achats à distance. Les ménages doivent naviguer dans l’incertitude, avec un risque de surcoûts si le marché ne se stabilise pas rapidement, affectant leur pouvoir d’achat global.

Conséquences pour les entreprises et le secteur privé

Les PME et concessionnaires informels subissent un choc direct. Privés de leur source principale d’importations d’occasion, ces acteurs perdent un chiffre d’affaires vital, souvent financé par des changes noirs. Les showrooms, contraints à ne vendre que des véhicules plus anciens, voient leur stock se réduire, ce qui menace leur viabilité à court terme.

Cette mesure pourrait favoriser les importateurs officiels, mais elle expose les petites structures du privé à une concurrence accrue et à des pertes sèches. Les professionnels du secteur estiment que l’ajustement sera lent, avec des fermetures potentielles si les flux de devises ne se rééquilibrent pas. Au final, cela renforce la dépendance au canal formel, mais au prix d’une contraction immédiate pour le tissu entrepreneurial informel.

Effets sur les finances publiques et risques macroéconomiques

Sur le plan des finances publiques, ces restrictions pourraient alléger la pression sur les réserves de devises en canalisant les flux vers les circuits officiels. Moins de sorties informelles signifie potentiellement plus de recettes fiscales via les importations déclarées et une meilleure traçabilité des transactions. Cela soutient les efforts de stabilisation budgétaire face aux défis énergétiques actuels.

Cependant, les risques sont réels : une instabilité prolongée du marché noir pourrait freiner les investissements privés et accentuer l’inflation importée si les besoins en biens automobiles persistent. Le déficit commercial, déjà sensible, risque d’être impacté si les ménages reportent leurs achats. De plus, une fragmentation des taux pourrait compliquer la politique monétaire de la Banque d’Algérie, avec des effets en cascade sur l’emploi dans le commerce automobile.

Perspectives et analyses des acteurs du marché

L’incertitude domine, et les professionnels du change informel prévoient une période d’instabilité durable. Un cambiste contacté à Alger indique que « cette fluctuation pourrait s’inscrire dans la durée, au moins jusqu’à la fin du mois ». Le marché peine à trouver un nouvel équilibre, les acteurs attendant l’effet cumulatif des mesures sur les flux de capitaux.

Aucune voix d’économiste officiel n’est citée publiquement pour l’instant, mais les observateurs soulignent un bénéfice clair : la réduction des fuites de devises vers l’informel. Cela renforce la souveraineté monétaire, tout en posant la question d’un encadrement plus large pour les PME. La prudence s’impose pour toute transaction, les disparités régionales amplifiant les risques de pertes pour les usagers. Les prochains jours révéleront si cette tendance à la baisse de l’euro se confirme ou s’inverse face à une demande refoulée.

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