Crash Historique de l’Euro et du Dollar en Algérie : Ce Qui Se Trame dans l’Ombre du Marché Noir

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Crash Historique de l’Euro et du Dollar en Algérie : Ce Qui Se Trame dans l’Ombre du Marché Noir

Le marché noir des devises en Algérie traverse une période d’instabilité sans précédent. Après une flambée record de l’euro et du dollar en septembre, les cours ont brutalement chuté en décembre, semant la panique chez les cambistes et les épargnants.

Entre rumeurs de réformes monétaires, mesures gouvernementales et comportements spéculatifs, cette volatilité reflète les défis d’un marché opaque et difficile à maîtriser. Quels sont les véritables moteurs de cette crise ? Quelles conséquences attendre des réformes prévues pour 2025 ? Plongée au cœur d’un système en pleine mutation.

De la Flambée à la Dégringolade : Une Instabilité Inédite

Des records historiques atteints en septembre et décembre

En septembre 2023, l’euro a franchi pour la première fois la barre symbolique des 260 dinars sur le marché noir algérien, tandis que le dollar atteignait 248 dinars. Cette hausse inattendue s’est poursuivie jusqu’au début décembre, où les deux devises ont établi des records historiques. Le 9 décembre, l’euro s’échangeait à 262 dinars, et le dollar atteignait son pic à 248 dinars.

Cependant, cette tendance haussière a été suivie d’une chute brutale. Entre le 9 et le 22 décembre, l’euro a perdu 17 dinars, redescendant à 245 dinars. Une baisse similaire a touché le dollar. Cette dégringolade soudaine a déstabilisé le marché noir, provoquant une panique généralisée chez les cambistes.

Un marché noir en plein désarroi

Les fluctuations rapides et imprévisibles des cours ont mis les acteurs du marché noir dans une position délicate. « C’est la panique », confie un cambiste d’Alger, avouant son incapacité à prévoir l’évolution des cours. Les vendeurs, craignant de perdre de l’argent, hésitent à céder leurs devises, tandis que les acheteurs préfèrent attendre une éventuelle poursuite de la baisse.

Les Causes Profondes de l’Instabilité

Rumeurs de réforme monétaire : un vent de spéculation

En septembre, des rumeurs persistantes évoquaient un changement imminent de la monnaie nationale en Algérie. Cette perspective a incité de nombreux épargnants à convertir leurs dinars en euros et dollars pour protéger leur capital. Une demande inhabituelle a ainsi boosté les cours des devises sur le marché noir.

Cependant, l’absence de réforme monétaire a inversé la tendance. Ces mêmes épargnants, redoutant une perte de valeur, ont commencé à revendre leurs devises, provoquant une offre inhabituelle sur le marché et une chute des prix.

Mesures gouvernementales : une pression sur le marché parallèle

Le gouvernement algérien a récemment annoncé plusieurs mesures visant à limiter la dépendance au marché noir :

  • Augmentation de l’allocation touristique : À partir de janvier 2025, les Algériens pourront échanger légalement 750 euros par adulte et 300 euros par enfant mineur, contre à peine 100 euros auparavant.
  • Plafonnement des devises exportables : Depuis novembre 2023, les voyageurs ne peuvent plus sortir plus de 7 500 euros par an du territoire, contre 7 500 euros par voyage auparavant.

Ces mesures visent à réduire la demande sur le marché noir, notamment celle des voyageurs et des petits acheteurs. Cependant, leur impact reste incertain face à l’importance des gros acteurs informels.

Un marché opaque et imprévisible

Le marché noir des devises en Algérie est caractérisé par son opacité. Les motivations des différents acteurs – cambistes, épargnants, importateurs informels, blanchisseurs d’argent – sont difficiles à cerner, rendant toute analyse complexe. Comme le souligne un cambiste, « la structure de la demande est floue », ce qui rend le marché difficile à prédire.

L’Allocation Touristique : Un Changement Réel ou un Effet Limité ?

Une mesure ciblée pour les petits acheteurs

L’augmentation de l’allocation touristique constitue une réforme majeure. Pendant plus de deux décennies, les Algériens voyageant à l’étranger ne pouvaient échanger que l’équivalent de 15 000 dinars (environ 100 euros). Cette limitation les forçait à se tourner vers le marché noir pour financer leurs voyages.

Avec l’allocation portée à 750 euros par adulte, cette réforme pourrait réduire significativement la demande des « petits » acheteurs, comme les touristes, étudiants ou malades.

Les limites de la réforme face aux gros acteurs

Cependant, les économistes estiment que ces petits acheteurs ne représentent qu’une partie de la demande. Les gros acteurs, notamment les importateurs informels, les « trabendistes » et les réseaux de blanchiment, continuent de dominer le marché. Ces derniers pourraient déplacer leurs activités vers l’étranger, comme à Istanbul, où l’euro reste très demandé et se négocie à 255 dinars.

Un Avenir Incertain : Quelles Conséquences à Long Terme ?

Vers la fin du double taux de change ?

Le gouvernement algérien semble déterminé à mettre fin au double taux de change, une anomalie qui alimente depuis des années le marché noir. L’augmentation de l’allocation touristique et le plafonnement des devises exportables sont des premiers pas dans cette direction.

Cependant, la réussite de ces réformes dépendra de la capacité des autorités à :

  • Renforcer les circuits bancaires officiels pour attirer les utilisateurs.
  • Réprimer les activités informelles et les réseaux de blanchiment.
  • Instaurer une transparence accrue dans les échanges financiers.

Les premières semaines de 2025, un test décisif

L’entrée en vigueur de la nouvelle allocation touristique en janvier 2025 sera un moment crucial pour évaluer l’impact de ces réformes. Si la demande des petits acheteurs diminue, cela pourrait entraîner une baisse durable des cours. À l’inverse, si les gros acteurs continuent d’alimenter le marché noir, la situation pourrait perdurer, voire se déplacer hors des frontières algériennes.

Conclusion

La récente dégringolade de l’euro et du dollar en Algérie reflète les tensions d’un marché noir en mutation. Entre rumeurs, spéculations et réformes gouvernementales, cette instabilité met en lumière les défis d’un système économique opaque.

Si les réformes prévues pour 2025 offrent une lueur d’espoir, elles ne suffiront pas à elles seules à résoudre les problèmes structurels. Une stratégie globale, combinant régulation, transparence et répression des activités informelles, sera nécessaire pour restaurer la stabilité et rétablir la confiance dans les circuits officiels.

L’avenir du marché des devises en Algérie est en jeu, et les mois à venir s’annoncent décisifs.

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