Colonisation de l’Algérie : Quand Benjamin Stora Fait Taire Éric Zemmour dans un Débat Historique Explosif

0
Colonisation de l’Algérie : Quand Benjamin Stora Fait Taire Éric Zemmour dans un Débat Historique Explosif

La colonisation de l’Algérie, sujet brûlant et sensible, refait régulièrement surface dans le débat public en France. Alors que certains cherchent à enjoliver un passé douloureux, d’autres, tels que Benjamin Stora, n’hésitent pas à rappeler les faits historiques avec une rigueur implacable. Dans une récente confrontation médiatique, le polémique Éric Zemmour, intervenu sur BFMTV, a déclenché une série de réactions virulentes en défendant l’idée que la colonisation de l’Algérie ne comportait que des aspects positifs, affirmant que « la France n’a rien à se faire pardonner ». La riposte ne s’est pas fait attendre, avec des personnalités telles que Rima Hassan, Jean-Michel Apathie et surtout l’historien Benjamin Stora qui ont exposé, en toute clarté, la réalité d’un passé colonial marqué par la violence, l’exploitation et la souffrance. Cet article se propose d’examiner en profondeur ce débat polémique, de revenir sur les faits historiques et d’analyser la portée des arguments avancés, afin d’offrir au lecteur une réflexion critique sur la mémoire coloniale et ses enjeux contemporains.

Un Passé Tourmenté et une Mémoire Contestée

La colonisation de l’Algérie par la France, débutée en 1830, représente l’un des chapitres les plus douloureux et controversés de l’histoire coloniale française. Pendant plus de 130 ans, le territoire algérien a été le théâtre d’une domination brutale, marquée par l’exploitation des ressources, l’appropriation des terres et une répression impitoyable envers la population locale. Les événements du passé ne sauraient être réduits à des faits isolés : ils font partie d’un système colonial dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui.

Dans ce contexte, les déclarations d’Éric Zemmour sur BFMTV, affirmant que « l’Algérie d’avant 1830 était un cloaque » et que la conquête française avait « soigné » une région dégradée, s’inscrivent dans une logique révisionniste qui cherche à minimiser ou à occulter les nombreux crimes du colonialisme. Pour Zemmour, les réalisations de la colonisation – la construction d’infrastructures, la modernisation des terres, et la mise en place d’établissements publics – sont autant d’arguments en faveur d’un passé glorifié. Pourtant, cette vision unilatérale contraste radicalement avec la réalité historique et les témoignages de ceux qui ont vécu ou étudié les terribles conséquences de cette entreprise coloniale.

Éric Zemmour et la Dérive Révisionniste

Lors de son intervention sur BFMTV, Éric Zemmour a tenu des propos qui ont immédiatement déclenché l’indignation. Selon lui, la colonisation de l’Algérie aurait permis de transformer un territoire alors qualifié de « cloaque » en une région civilisée, grâce aux apports des colons français. Dans un long tweet publié sur X, il va même jusqu’à dénigrer la notion même d’« Algérie » en affirmant que « l’Algérie n’avait jamais été une nation, n’avait jamais été un peuple, n’avait jamais été un État, n’avait jamais été souveraine ». Ces propos, qui visent à décontextualiser une histoire complexe, cherchent à effacer le récit des peuples autochtones et à légitimer une domination coloniale par la seule force de l’argumentation économique et infrastructurelle.

Pour Zemmour, la conquête d’Alger en 1830 ne serait qu’un épisode de modernisation et de progrès, malgré l’évidence des violences et des exactions commises. Il concède à peine que « la conquête de l’Algérie ne s’est pas faite en douceur » et que « le général Bugeaud n’était pas un tendre », mais ces rares nuances ne sauraient atténuer la portée de ses assertions globalement révisionnistes. En affirmant que les colons ont « assaini les marais, cultivé les terres, construit des routes, bâti des villes entières, des hôpitaux, des écoles », il omet systématiquement de mentionner les souffrances infligées à une population qui fut massivement décimée, torturée, et dépossédée de ses droits fondamentaux.

La Riposte Virulente de Rima Hassan et Jean-Michel Apathie

Face à ce discours révisionniste, plusieurs personnalités n’ont pas hésité à réagir avec force. Rima Hassan, militante franco-palestinienne aux prises avec l’histoire coloniale, a publiquement rappelé que la France a, en réalité, construit en Algérie « pour elle et pour sa mission colonisatrice ». Dans un tweet incisif, elle énumère les crimes du colonialisme français : massacres, tortures, assassinats, viols, pillages, et même essais nucléaires dans le Sahara algérien – des bombes dont la puissance dépassait celle d’Hiroshima.

« La France a massacré un tiers de la population algérienne, elle a torturé, elle a assassiné, elle a violé, elle a pillé… » écrit-elle, soulignant que ces atrocités ne peuvent être occultées par une lecture superficielle ou réductrice du passé. Pour Rima Hassan, la colonisation ne fut pas une entreprise civilisatrice, mais une opération brutale et criminelle qui a marqué de façon indélébile l’histoire de l’Algérie et a laissé des séquelles profondes dans la mémoire collective.

Le journaliste Jean-Michel Apathie a également pris position en dénonçant ce qu’il qualifie de « falsification de l’histoire ». Dans une série de tweets, il rappelle que la conquête d’Alger en 1830 n’était pas un acte de défense des droits humains, mais plutôt le prélude à un coup d’État orchestré par le roi Charles X pour suspendre les libertés publiques et instaurer une monarchie absolue. Selon lui, l’argument avancé par Zemmour relève d’une volonté de détourner l’attention des véritables motivations politiques et militaires qui ont conduit à l’expansion coloniale en Algérie. Apathie insiste sur le fait que la transformation de l’Algérie en colonie de peuplement à partir de 1840 a entraîné des meurtres de masse et des exactions qui ne se retrouvent pas dans d’autres processus coloniaux, faisant de cette entreprise une « erreur historique » majeure pour la France.

La Leçon Implacable de Benjamin Stora

L’intervention de Benjamin Stora, historien de renom spécialisé dans l’histoire contemporaine de l’Algérie, a constitué le coup de grâce à l’argumentation de Zemmour. Connu pour sa rigueur et son engagement dans la mémoire des événements coloniaux, Stora a apporté une réponse concise, mais particulièrement percutante. Dans un tweet, il rappelle un fait historique méconnu du grand public : « Un premier argument pour répondre à É. Zemmour : c’est la Régence d’Alger qui a prêté de l’argent à la France, qui en avait besoin, au moment de la révolution française. C’est le refus du remboursement qui a provoqué le coup d’éventail du Dey d’Alger au consul français en 1827. »

Cette remarque, à la fois ironique et profondément significative, remet en perspective l’ensemble du débat. Loin de constituer une justification de l’intervention française, cet épisode historique montre que la relation entre la France et l’Algérie ne se résume pas à une simple mission de civilisation, mais qu’elle est le résultat de rapports de force et d’intérêts économiques mêlés à une histoire de dette et de trahison. En rappelant ce fait, Benjamin Stora montre que la colonisation ne peut être vue sous l’angle réducteur d’un progrès apporté à un territoire soi-disant en déshérence, mais doit être comprise dans toute sa complexité historique, marquée par l’injustice, l’exploitation et la violence.

Le Souvenir Émouvant de Sakiet Sidi Youcef

La polémique autour des propos de Zemmour a coïncidé avec la commémoration d’un épisode tragique de la guerre d’indépendance algérienne : le bombardement du village de Sakiet Sidi Youcef. Le 8 février 1958, l’aviation française a attaqué ce village frontalier entre l’Algérie et la Tunisie, tuant des dizaines de civils. Cet événement, dont la mémoire reste vive en Algérie, est venu renforcer les critiques adressées à la vision révisionniste de Zemmour.

Lors de la cérémonie de commémoration, le Premier ministre algérien Nadir Larbaoui a condamné ce bombardement, le qualifiant d’« exemple vivant de la barbarie du colonialisme français ». Pour lui, l’attaque de Sakiet Sidi Youcef illustre parfaitement la politique de punition collective menée par la France pour écraser toute aide apportée à l’Armée de libération nationale. Cette tragédie, parmi tant d’autres, témoigne de l’étendue des crimes commis durant la période coloniale et rappelle que derrière les discours prétendument modernisateurs se cachent des faits indéniables de violence et d’injustice.

La commémoration de Sakiet Sidi Youcef n’est pas seulement un acte de mémoire, mais aussi une invitation à la réflexion sur les conséquences du passé colonial. Elle souligne l’importance de reconnaître et d’assumer les erreurs historiques pour mieux construire un avenir fondé sur la justice et la réconciliation.

Les Enjeux de la Mémoire Coloniale Aujourd’hui

Le débat autour de la colonisation de l’Algérie dépasse largement le cadre d’une simple querelle idéologique. Il touche aux fondements mêmes de l’identité nationale et à la manière dont l’histoire est racontée et enseignée. Les propos d’Éric Zemmour s’inscrivent dans une tendance révisionniste qui cherche à dédramatiser et à légitimer un passé colonial marqué par l’exploitation et la violence. Or, comme le rappellent avec force Rima Hassan, Jean-Michel Apathie et Benjamin Stora, une telle lecture de l’histoire occulte la souffrance d’un peuple et minimise l’ampleur des crimes commis.

La mémoire coloniale est un sujet épineux en France, où le passé impérial continue de nourrir des débats passionnés. La volonté de certains de présenter la colonisation comme une entreprise civilisatrice repose souvent sur une réécriture partielle de l’histoire, déconnectée des faits et des témoignages. Pourtant, ignorer ou minimiser ces épisodes revient à renier la réalité historique et à trahir la mémoire de ceux qui ont souffert.

Il est essentiel, dans une démocratie fondée sur la vérité et la justice, de rappeler les faits tels qu’ils se sont réellement déroulés. La confrontation entre les points de vue de Zemmour et ceux des historiens et militants anticolonialistes souligne l’importance de cette démarche. Alors que la première approche tend à effacer les zones d’ombre de l’histoire, la seconde s’attache à en exposer toute la complexité, même si elle dérange ou remet en question certains récits officiels.

Réflexion Critique et Appel à la Mémoire Collective

La confrontation d’idées sur la colonisation de l’Algérie doit être l’occasion d’une réflexion approfondie sur la manière dont le passé est instrumentalisé pour servir des intérêts politiques ou idéologiques. Les propos d’Éric Zemmour, en refusant de reconnaître la brutalité du colonialisme, illustrent une tendance à oublier ou à minimiser des événements historiques qui continuent de hanter la mémoire collective. À l’inverse, la réponse cinglante de Benjamin Stora et la critique acerbe de figures telles que Rima Hassan et Jean-Michel Apathie rappellent que l’histoire ne peut être déformée sans danger.

Il est de la responsabilité de tous – historiens, journalistes, militants, mais aussi citoyens – de faire face à la vérité historique. Cela passe par une éducation rigoureuse, une lecture critique des événements passés et une reconnaissance sincère des souffrances infligées par le colonialisme. Seule une approche honnête et transparente permet de construire un dialogue apaisé et de favoriser la réconciliation entre les peuples.

Dans le débat actuel, les mots ont un poids particulier. Lorsque l’on affirme que « la France n’a rien à se faire pardonner » ou, au contraire, que la colonisation a apporté une « mission civilisatrice », on ne se contente pas de raconter l’histoire : on façonne la perception collective de cette histoire. Les paroles d’Éric Zemmour, relayées par certains médias, participent à une tentative de légitimer un passé colonial qui a laissé des cicatrices profondes. À l’opposé, les interventions de Rima Hassan, Jean-Michel Apathie et Benjamin Stora invitent à une remise en question salutaire, en insistant sur le devoir de mémoire et sur l’importance d’assumer les responsabilités du passé.

Vers une Reconnaissance Juste du Passé

La polémique qui oppose Éric Zemmour aux voix critiques telles que celles de Benjamin Stora, Rima Hassan et Jean-Michel Apathie révèle toute l’ampleur des enjeux liés à la mémoire coloniale en France. Si certains tentent de réhabiliter la colonisation en mettant en avant des arguments purement économiques et infrastructurels, la réalité historique, faite de violences, d’exactions et de souffrances, ne peut être niée. La leçon de Benjamin Stora, qui rappelle que la Régence d’Alger avait prêté de l’argent à la France et que le refus de remboursement a contribué à déclencher des événements dramatiques, démontre que l’histoire est souvent bien plus complexe et douloureuse que ne le voudrait une lecture simpliste.

Face à ces débats, il est impératif de rester vigilants et de continuer à promouvoir une approche historique qui ne cherche pas à blanchir les erreurs du passé, mais à en tirer les leçons nécessaires pour construire un avenir fondé sur la vérité et la réconciliation. La reconnaissance des crimes du colonialisme, la valorisation de la mémoire des victimes et l’éducation à une histoire plurielle et critique sont autant d’outils pour éviter que les discours révisionnistes ne prennent le dessus.

En définitive, ce débat n’est pas seulement une querelle idéologique : il est le reflet d’un combat pour la vérité historique et pour la dignité des peuples qui ont été victimes d’un système colonial brutal. La confrontation entre les visions de Zemmour et les rappels implacables de Stora, Hassan et Apathie doit servir d’appel à une réflexion collective sur l’importance de se souvenir et d’assumer les responsabilités du passé. Car c’est en connaissant véritablement notre histoire que nous pourrons espérer bâtir un avenir plus juste, respectueux de la mémoire de ceux qui ont souffert et porteur des valeurs de liberté et d’égalité que nous chérissons aujourd’hui.

En somme, le débat sur la colonisation de l’Algérie, relancé par des propos provocateurs et contestés, nous rappelle à quel point il est crucial de défendre une lecture honnête et rigoureuse de l’histoire. Tandis que certains cherchent à réécrire le passé pour légitimer des visions idéologiques, d’autres, armés de faits et de témoignages, se dressent pour faire triompher la vérité historique. La confrontation entre ces positions, bien que parfois acerbe, est nécessaire pour éclairer le présent et éviter que les ombres du passé ne s’effacent au détriment de la justice et de la mémoire collective.

Article précédentCrise diplomatique : L’Algérie convoque l’ambassadeur de France et hausse le ton
Article suivantTaqa Déclenche une Offensive Impitoyable sur Naturgy : Quand les Émirats S’attaquent au Pôle Stratégique de Sonatrach