Le court métrage algérien Le dernier passager, réalisé par le jeune cinéaste Mounès Khemar, s’apprête à représenter l’Algérie, l’Afrique et le monde arabe au prestigieux Festival international du film de Guanajuato. Cet événement, qui se tiendra du 22 au 31 juillet, figure parmi les plus importants rendez-vous cinématographiques d’Amérique latine. À travers ce film de 7 minutes, le réalisateur offre une vision poignante du désespoir d’une jeunesse en manque de perspectives, tout en mettant en avant l’identité culturelle algérienne sur la scène internationale.
Un court métrage algérien à la reconnaissance internationale
Le dernier passager bénéficie déjà d’une belle notoriété sur la scène cinématographique. Sorti en 2010 et financé par le Fonds des aides à l’industrie cinématographique (Fdatic) du ministère de la Culture algérien, ce court métrage a été sélectionné dans plusieurs rencontres nationales et étrangères. Parmi elles, on compte notamment le 6e concours de l’Office national du film du Canada (ONF), réalisé en partenariat avec le Short Corner du Festival de Cannes, ainsi que le prestigieux Festival international du film d’Abu Dhabi, où il a reçu la “Perle noire”, plus haute distinction de l’événement.
Cette nouvelle sélection en compétition officielle au Festival international du film de Guanajuato assoit davantage sa renommée à l’échelle mondiale, soulignant la vitalité et la diversité de la production cinématographique algérienne.
Un thème universel, un message engagé
Dans une forme narrative proche de la chronique muette, Le dernier passager met en scène un jeune employé de théâtre (interprété par Mohamed Bouchaib), en proie à un profond désespoir. Décidé à se jeter dans le vide du haut d’un rocher, le personnage revit, avant son geste fatal, ses deux grandes passions déçues : le théâtre et la femme de ses rêves.
- Un désarroi universel : Au-delà du contexte algérien, le film aborde la problématique du mal-être d’une jeunesse mondiale confrontée à l’incertitude et aux difficultés d’insertion.
- Une réflexion sur la société : Par son esthétique minimaliste et son absence de dialogues, l’œuvre de Mounès Khemar interpelle le public sur la nécessité de créer des opportunités pour la jeune génération.
Le court métrage fait également apparaître deux figures majeures du cinéma algérien, Larbi Zekal et Ahmed Benaissa, contribuant à l’intérêt croissant pour cette production à l’international.
Le Festival international du film de Guanajuato : un tremplin majeur
Fondé en 1997, le Festival international du film de Guanajuato (GIFF) réunit chaque année des centaines de cinéphiles et de professionnels du secteur. Il est reconnu pour :
- Sa programmation variée : courts métrages, documentaires, longs métrages de fiction, en compétition et hors compétition.
- Sa dimension itinérante : le festival se déroule dans deux villes mexicaines chargées d’histoire, San Miguel de Allende et Guanajuato, offrant un cadre unique pour la projection des œuvres.
- Ses initiatives professionnelles : conférences thématiques, ateliers et masterclass qui permettent aux réalisateurs émergents de s’inspirer et de networker avec des cinéastes reconnus.
En s’y illustrant, Le dernier passager bénéficie d’une vitrine exceptionnelle pour consolider son rayonnement à l’international et susciter l’intérêt d’acteurs clés de l’industrie du cinéma.
Un espoir pour la scène cinématographique algérienne
La sélection de Le dernier passager confirme l’effervescence qui anime le cinéma algérien ces dernières années. Malgré des défis structurels et financiers, de nouvelles voix émergent et portent un regard critique sur la société. Plusieurs facteurs contribuent à cette dynamique :
- Des fonds dédiés : Le Fdatic soutient la production locale, encouragent l’émergence de nouveaux talents.
- La participation à des festivals internationaux : Des cinéastes comme Mounès Khemar profitent de ces plateformes pour présenter des œuvres originales et engagées.
- Une volonté de renouveau : Les jeunes réalisateurs s’inspirent d’histoires personnelles tout en développant une approche moderne de la mise en scène et de la narration.
En s’inscrivant dans ce mouvement, Le dernier passager témoigne d’une vitalité artistique porteuse d’avenir pour l’industrie cinématographique du pays.
Perspectives et retombées possibles
La participation de ce court métrage au Festival international du film de Guanajuato pourrait ouvrir la voie à :
- De nouvelles collaborations : Les festivals sont souvent propices à la mise en place de coproductions et à la rencontre de partenaires internationaux.
- Une meilleure visibilité : La presse internationale et les professionnels du cinéma suivent de près la sélection officielle, ce qui pourrait contribuer à populariser davantage le cinéma algérien.
- Un impact socioculturel : Le film met en lumière des problématiques sociales universelles, ce qui pourrait encourager les débats sur les conditions de la jeunesse et les actions à mener pour y remédier.
Conclusion
En compétition au Festival international du film de Guanajuato, Le dernier passager de Mounès Khemar incarne la nouvelle vague du cinéma algérien et offre un regard sensible sur les aspirations et les déceptions d’une jeunesse souvent confrontée à l’impasse. Son parcours remarquable dans divers festivals internationaux témoigne du potentiel créatif d’une génération de cinéastes algériens décidés à se faire une place sur la scène mondiale. Si le film réussit à se distinguer au Mexique, il pourrait contribuer à faire rayonner encore davantage la production audiovisuelle algérienne et à favoriser l’émergence de nouvelles collaborations cinématographiques.