Autoroute de Béjaïa : Pourquoi les accidents mortels se multiplient-ils ?

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Autoroute de Béjaïa : Pourquoi les accidents mortels se multiplient-ils ?

Samedi dernier, l’autoroute A20 de Béjaïa a été le théâtre d’un nouveau drame. Une collision violente entre deux véhicules a causé la mort de quatre personnes et laissé trois blessés graves, selon la Protection civile. Cet accident tragique, survenu à proximité de Biziou, relance les inquiétudes sur la sécurité routière en Algérie, en particulier sur cette pénétrante reliant Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest. Ce drame fait écho à un autre accident survenu en mars dernier, ayant fait huit morts. Quels sont les facteurs qui expliquent la fréquence et la gravité de ces accidents ?

Le contexte de l’accident : une tragédie en série

La collision fatale de samedi
Le dernier accident a eu lieu peu avant 18 heures, sur une section de l’autoroute A20 au niveau de Biziou. Selon les premiers rapports de la Protection civile, deux véhicules sont entrés en collision, causant la mort de quatre personnes sur le coup et blessant trois autres, rapidement évacuées vers l’hôpital le plus proche. À l’heure actuelle, les causes de l’accident n’ont pas été officiellement communiquées.

Un précédent tragique en mars 2024
Ce drame n’est pas isolé. Le 21 mars 2024, une autre tragédie avait endeuillé la même autoroute, lorsqu’un taxi transportant plusieurs passagers avait violemment percuté un poids lourd stationné sur la bande d’arrêt d’urgence. Ce bilan s’était avéré encore plus meurtrier, avec huit vies perdues. Ces récidives interrogent sur les lacunes en matière de sécurité routière sur cet axe.

Un axe routier sous tension : quels sont les facteurs de risque ?

Des infrastructures inadaptées
L’autoroute A20, bien qu’importante pour désenclaver la région de Béjaïa, souffre de défauts structurels. Certaines sections ne disposent pas de signalisation adéquate, et la maintenance des routes laisse parfois à désirer. Ces lacunes augmentent le risque d’accidents, en particulier dans des conditions de faible visibilité ou d’intempéries.

Comportements imprudents des conducteurs
Selon plusieurs études locales, une grande partie des accidents en Algérie est due à des comportements à risque des conducteurs, notamment l’excès de vitesse, le non-respect des distances de sécurité, et la fatigue au volant. Sur la pénétrante de Béjaïa, ces comportements sont amplifiés par une configuration routière exigeante et parfois mal éclairée.

Poids lourds et stationnements dangereux
Le rôle des poids lourds est souvent pointé du doigt. Dans l’accident de mars 2024, le poids lourd était stationné sur la bande d’arrêt d’urgence, sans signalisation appropriée. Cette pratique, fréquente en Algérie, pose des dangers considérables, surtout sur des routes à grande vitesse.

Les chiffres alarmants de la sécurité routière en Algérie

Un fléau national
Les statistiques de la sécurité routière en Algérie sont préoccupantes. Selon l’Office national de la sécurité routière (ONSR), plus de 3 000 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route, avec des milliers de blessés. Ces chiffres font de l’Algérie l’un des pays les plus touchés par les accidents mortels en Afrique du Nord.

Béjaïa, un point noir
La région de Béjaïa, avec ses routes sinueuses et ses axes fortement fréquentés, est particulièrement vulnérable. L’autoroute A20, censée fluidifier le trafic et réduire les accidents, semble devenir un point noir, avec une fréquence alarmante de collisions graves.

Les conséquences humaines et économiques des accidents

Un drame humain
Chaque accident mortel laisse derrière lui des familles endeuillées et des vies brisées. Les blessés, souvent graves, nécessitent des soins médicaux prolongés, entraînant des coûts financiers et émotionnels considérables pour leurs proches.

Un coût économique élevé
Au-delà de la tragédie humaine, les accidents de la route ont un impact significatif sur l’économie nationale. Les pertes liées aux soins médicaux, aux dégâts matériels, et à la perte de productivité représentent des milliards de dinars chaque année.

Les solutions possibles pour améliorer la sécurité sur l’A20

Renforcer les infrastructures
Une priorité immédiate serait d’améliorer la signalisation et l’éclairage sur l’autoroute A20. Des zones de repos sécurisées pour les poids lourds devraient également être aménagées pour éviter les stationnements dangereux.

Sensibiliser les conducteurs
Des campagnes de sensibilisation ciblées pourraient réduire les comportements à risque. L’éducation routière, dès le plus jeune âge, est également essentielle pour instaurer une culture de sécurité.

Renforcer les contrôles
L’installation de radars fixes et mobiles, ainsi qu’une présence policière accrue sur les axes sensibles, pourraient dissuader les excès de vitesse et les comportements dangereux.

Une urgence nationale

Les tragédies répétées sur l’autoroute de Béjaïa soulignent l’urgence d’une action concertée pour améliorer la sécurité routière en Algérie. Les solutions existent, qu’il s’agisse d’améliorer les infrastructures, de sensibiliser les conducteurs, ou de renforcer les contrôles. Cependant, leur mise en œuvre nécessite une volonté politique forte et un engagement collectif pour mettre fin à ce fléau. En l’absence de mesures concrètes, l’autoroute A20 risque de devenir un symbole des échecs en matière de sécurité routière dans le pays.

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