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Monopole aérien en Algérie : l’ouverture tant attendue se heurte aux turbulences

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Monopole aérien en Algérie : l’ouverture tant attendue se heurte aux turbulences

Le transport aérien algérien, longtemps dominé par les monopoles d’État incarnés par Air Algérie et Algérie Ferries, pourrait connaître un tournant décisif. Le ministre des Transports, Mohamed El Habib Zahana, a annoncé l’étude de quatre dossiers visant à intégrer des compagnies aériennes privées. Cependant, les espoirs d’un ciel algérien plus ouvert et compétitif sont tempérés par des décennies de résistances institutionnelles et des expériences passées peu concluantes. Entre ambitions affichées et réalités complexes, l’avenir de l’aérien privé en Algérie reste incertain.

Un monopole d’État solidement ancré

Depuis des décennies, le transport aérien en Algérie est dominé par Air Algérie, une entreprise publique qui incarne à la fois la fierté nationale et les limites d’une gestion étatique. Si cette position dominante a permis de maintenir une certaine stabilité, elle a aussi freiné l’innovation et la concurrence.

La dépendance à un monopole d’État s’est traduite par une qualité de service souvent critiquée, des retards fréquents et une inefficacité chronique. Les voyageurs, en quête d’alternatives abordables et fiables, se retrouvent contraints d’utiliser un système qui peine à répondre à leurs attentes.

L’ouverture du ciel : une promesse souvent réitérée

En septembre 2022, le président Abdelmadjid Tebboune avait ravivé l’espoir en ordonnant l’octroi d’agréments pour de nouvelles compagnies aériennes et maritimes. Cette directive s’inscrivait dans une volonté plus large de moderniser les infrastructures et de dynamiser un secteur crucial pour l’économie nationale.

Cependant, près de deux ans après cette annonce, les avancées concrètes sont rares. Le projet de Fly WestAf Algérie, présenté comme une alternative low-cost, s’est rapidement éteint, symbolisant les défis auxquels sont confrontées les initiatives privées.

Quatre dossiers en attente : promesse ou illusion ?

Lors de son discours devant le Conseil de la nation, le ministre des Transports a annoncé que quatre dossiers étaient en cours d’examen pour intégrer des compagnies privées dans le paysage aérien algérien. Cependant, aucun détail n’a été fourni sur l’identité des candidats ni sur les critères d’évaluation.

Cette opacité suscite des interrogations. Les investisseurs intéressés se demandent si les pouvoirs publics sont réellement prêts à lâcher prise sur un secteur aussi stratégique. Par ailleurs, les citoyens, las des promesses non tenues, restent sceptiques quant à la concrétisation de ces projets.

Défis structurels et résistances institutionnelles

L’ouverture du ciel algérien se heurte à des obstacles structurels majeurs. Le cadre réglementaire, bien que modifié en 2023, reste perçu comme rigide et peu favorable à l’émergence de nouveaux acteurs. De plus, les infrastructures aéroportuaires, concentrées autour de quelques grands hubs comme Alger, Oran et Constantine, limitent la capacité de développement des compagnies privées.

Les résistances institutionnelles, alimentées par des intérêts bien ancrés, constituent un autre frein. Air Algérie, malgré ses défis, reste un acteur influent avec un monopole de fait sur de nombreuses lignes nationales et internationales. L’arrivée de concurrents pourrait remettre en question cet équilibre, suscitant des réticences au sein des cercles décisionnels.

Les opportunités d’un ciel ouvert

Malgré ces défis, l’ouverture du secteur aérien offre des opportunités significatives. Une concurrence accrue pourrait améliorer la qualité des services, réduire les coûts pour les consommateurs et stimuler le tourisme, un secteur sous-exploité en Algérie.

L’arrivée de compagnies privées pourrait également encourager l’innovation technologique et la création d’emplois, tout en renforçant la connectivité régionale et internationale. En intégrant de nouveaux acteurs, l’Algérie pourrait s’aligner sur les standards mondiaux et tirer parti de sa position géographique stratégique entre l’Europe et l’Afrique.

Leçons des échecs passés

L’échec de Fly WestAf Algérie, un projet prometteur qui n’a jamais pris son envol, illustre les pièges à éviter. Le manque de soutien institutionnel, les contraintes réglementaires et l’absence de planification à long terme ont contribué à la disparition de cette initiative.

Pour éviter de répéter ces erreurs, il est crucial que la FAF adopte une approche proactive. Cela inclut la mise en place de mécanismes transparents pour l’octroi des licences, le soutien aux nouveaux entrants et la modernisation des infrastructures.

Un modèle à suivre : l’exemple marocain

Le Maroc, voisin et concurrent régional, a réussi à transformer son secteur aérien en adoptant une stratégie d’ouverture ambitieuse. Avec des compagnies comme Royal Air Maroc et des partenariats avec des acteurs low-cost comme Ryanair, le pays a stimulé son tourisme et renforcé sa connectivité internationale.

L’Algérie pourrait s’inspirer de ce modèle, en adaptant ses politiques pour répondre aux besoins locaux. Une collaboration avec des experts internationaux et des partenariats public-privé pourrait accélérer cette transition.

à la croisée des chemins

Le dossier des compagnies aériennes privées en Algérie incarne les espoirs et les défis d’un pays en quête de modernisation. Si les ambitions affichées par le gouvernement et le ministre des Transports sont encourageantes, leur concrétisation dépendra de la volonté politique et de la capacité à surmonter les obstacles institutionnels et structurels.

Alors que les citoyens et les investisseurs attendent avec impatience des actions concrètes, l’Algérie se trouve à un moment décisif. Une ouverture réussie du ciel pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour le transport aérien, offrant à la fois des bénéfices économiques et sociaux significatifs. Reste à savoir si le pays est prêt à naviguer ces vents de changement.

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