Une critique cinglante de l’accord d’association avec l’Union européenne
Lors d’une réunion des cadres de son parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a exprimé une opposition ferme à l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE). Cet accord, entré en vigueur en 2005, a été critiqué pour son manque d’équilibre économique et ses effets supposément négatifs sur l’économie algérienne.
Pour Hanoune, l’heure n’est plus à la révision mais à une « décision audacieuse de rupture ». Elle estime que l’accord profite exclusivement aux 27 membres de l’UE, tandis que l’Algérie continue de subir ses impacts négatifs, notamment une dépendance accrue aux importations et une pression sur son tissu économique local.
Un accord controversé depuis ses débuts
L’accord d’association Algérie-UE avait pour objectif de renforcer les relations commerciales et politiques entre les deux parties. Cependant, depuis son adoption, il est critiqué pour avoir largement bénéficié à l’UE, au détriment de l’économie algérienne.
Selon les chiffres rapportés par le gouvernement, l’Algérie a enregistré des déficits commerciaux significatifs avec l’UE, importatrice massive de biens algériens à faible valeur ajoutée (principalement des hydrocarbures), tout en exportant des produits industriels européens à grande échelle.
Louisa Hanoune a rappelé que son parti avait été le seul à voter contre cet accord à l’Assemblée populaire nationale (APN) à l’époque. « Le temps nous a donné raison », a-t-elle déclaré, soulignant que l’accord n’est pas « révisable » et qu’une rupture est inévitable pour protéger les intérêts économiques du pays.
La fin d’une dépendance aux partenariats européens ?
Hanoune a également affirmé que l’Algérie dispose déjà de partenariats bilatéraux avec plusieurs pays européens, rendant l’accord avec l’UE superflu. Elle a insisté sur le fait que la situation financière actuelle du pays permet de réduire sa dépendance à l’aide internationale, y compris celle de la France.
Cette déclaration fait écho à une volonté plus large de diversification économique et de renforcement des partenariats avec d’autres régions du monde, notamment en Afrique et en Asie. Pour Hanoune, il est crucial de redéfinir la place de l’Algérie sur la scène internationale, loin des contraintes imposées par l’accord avec l’UE.
Les projets de lois sur les collectivités et les partis : un danger pour la démocratie ?
Outre ses critiques envers l’accord avec l’UE, Louisa Hanoune a également abordé des questions internes, notamment les projets des codes communal et de wilaya ainsi que les avant-projets de lois sur les partis et les associations.
Selon elle, bien que les codes communal et de wilaya contiennent des éléments positifs, certaines dispositions « négatives » doivent être corrigées pour garantir une meilleure gestion des collectivités locales. « Nous avons soumis nos propositions à la présidence de la République pour corriger ces incohérences », a-t-elle affirmé.
Concernant les avant-projets de lois sur les partis et les associations, Hanoune a dénoncé une « régression démocratique » et un recul sur les acquis. Ces textes, selon elle, contredisent la Constitution et les engagements pris par le président Abdelmadjid Tebboune. Elle appelle les partis politiques à formuler des propositions pour préserver les droits démocratiques et éviter une concentration excessive du pouvoir.
Une lecture critique des impacts possibles
La position de Louisa Hanoune soulève des questions majeures sur la capacité de l’Algérie à réévaluer ses engagements internationaux tout en assurant une transition démocratique en interne. Si la rupture avec l’accord d’association Algérie-UE pourrait permettre de réorienter l’économie vers des modèles plus autonomes, elle comporte également des risques.
Une telle décision pourrait réduire l’accès de l’Algérie au marché européen, qui reste un débouché crucial pour ses exportations d’hydrocarbures. En outre, cela pourrait freiner les investissements étrangers dans un contexte où le pays cherche à diversifier ses revenus.
Sur le plan politique, les critiques envers les projets de lois sur les partis et les associations traduisent une inquiétude quant à une possible restriction des libertés. Hanoune insiste sur la nécessité de préserver les acquis démocratiques pour maintenir une stabilité sociale et politique.
une rupture nécessaire ou un pari risqué ?
Les critiques de Louisa Hanoune envers l’accord d’association Algérie-UE et les réformes internes témoignent d’une volonté de rupture avec des pratiques jugées inéquitables ou antidémocratiques. Si ses positions résonnent auprès de ceux qui souhaitent une plus grande autonomie économique et politique, elles suscitent également des interrogations sur les impacts à long terme d’une telle approche.
Pour l’Algérie, le défi consiste à trouver un équilibre entre la protection de ses intérêts nationaux et son intégration dans l’économie mondiale. Quant aux réformes politiques, elles devront répondre aux attentes des citoyens tout en respectant les engagements démocratiques du pays.